L'habitat éco-responsable

Construction bois et développement durable au quotidien

Je me suis rendue au Forum Agora qui se tenait à Bordeaux les 11, 12 et 13 avril au hangar 14. Un forum grand public qui aborde la question complexe de l’architecture et de la ville durable, ça m’interpelle !

L’exposition

De mon point de vue, l’exposition n’a pas été un franc succès. Vendredi il n’y avait pas grand monde, c’est normal les gens travaillent ; mais samedi non plus il n’y avait pas grand monde ; quand à dimanche, je n’y étais pas! Je ne vais pas refaire l’exposition, mais après la visite du premier étage, je me suis posé une question : pourquoi ce titre ALERTE?

agora-3.jpgC’est seulement en lisant la plaquette que j’ai pu comprendre. Le message se veut positif et porteur d’avenir plutôt que catastrophique et culpabilisateur. Pour ma part, j’ai eu l’impression d’assister à un « exposé » très personnel sur le développement durable avec son historique et quelques thèmes savamment choisis et joliment illustrés. Pour rendre les propos plus concrets, deux appartements mis en oeuvre par Point P étaient présentés grandeur nature, avec des solutions exemplaires en terme d’espace à vivre, de solutions inter-climatiques et de design intérieur. Mais sans explications sur ces solutions miracles, on se sentait, ni plus ni moins, dans un show room.

L’exposition se poursuit au rez de chaussée par un « souk », où chacun parle un peu de lui : la ville de Bordeaux, Arc en Rêve, agora-café, la Base Sous-marine, la librairie Mollat, les éclairagistes, l’Ecole d’Archi, les Beaux Arts, les Arts Décoratifs, l’école élémentaire Montgolfier, Kapla, le centre Jean Vigo, l’Ordre des Architectes. Et j’espère que je n’ai oublié personne ! Un pèle-mèle qui faisait en quelque sorte diversion.

Les débats

agora-1.jpgPar contre les débats ont remporté un franc succès, ceux auxquels j’ai assisté étaient bondés. Les thèmes étaient intéressants : les éco quartiers, les bâtiments écologiques et les nouvelles obligations, les métropoles de demain… Et là le public était au rendez vous. Mais quel public ? Les gens de la Mairie, de la CUB, de l’Agence d’Urbanisme de Bordeaux, les étudiants de l’Ecole d’Architecture, les architectes, et pour une minorité, le « grand public ».

S’il y avait foule, c’est parce qu’il y avait du beau monde pour débattre. Nicolas Michelin bien sûr organisateur des festivités, mais aussi des personnalités comme Jean Nouvel, Françoise Jourda, Alexandre Chemetoff, Olivier Brochet, Winy Maas, le maire de Bordeaux Alain Juppé, son confrère de Versailles François de Mazières et des représentants de Vinci, Nexity, ING, Bouygues Immobilier, et je ne cite que ceux que j’ai vu. De l’architecte-urbaniste au promoteur en passant par l’élu, ce sont les personnalités qui conçoivent la ville de demain qui ont défilé.

Nous avons assisté là a un show médiatique bien orchestré, sur le « ring » central au rez de chaussée. Pour qu’il y ait spectacle il faut de la polémique et elle était au rendez-vous. D’un côté ceux qui doivent faire face au Grenelle de l’Environnement, qui essaient de mettre en place ou d’appliquer un cadre réglementaire, et de l’autre les penseurs! Out la HQE (haute qualité environnementale), place à la HQU (Haute qualité d’usage).

Tout ça est fortement intéressant certes, mais je suis finalement retombée sur terre lorsque après le débat sur les éco-quartiers (quelle dimension, lieu de partage, comment y vivre,?…), le grand public est intervenu sous les traits d’un compatriote, agriculteur dans le Lot et Garonne (47) avec cette simple question : « j’ai construit ma maison et je voudrais savoir combien de panneaux photovoltaïques je dois installer? » J’ai senti comme un étonnement général, mais très vite et pour ne pas détourner le débat, notre intervenant a été orienté vers le pôle « conseil d’architecture ».

On peut le constater, il y a un décalage certain entre les grands débats d’idées et la réalité du quotidien. La Biennale de Bordeaux a eu son public, celui qu’elle méritait.

Après ces trois jours de fausse ALERTE, je vais reprendre ce lundi matin mon train train quotidien… en me promettant la prochaine fois d’aller faire un tour dans un éco-festival, côtoyer les purs et durs de la construction écologique. Car ce n’est pas tout, mais si je veux installer une éolienne sur mon terrain, qu’est ce que je vais choisir comme modèle ?


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3 commentaires

Votre critique me semble un peu dure, même si je la comprends. Je sui architecte conseil, et vous ne pouvez pas savoir comment une telle manifestation est une bulle d’oxygène pour nous. Evidemment, je réponds et rencontre tous les jours des gens comme l’agriculteur dont vous parlez, à qui il faut répondre, mais si ne serait-ce qu’un tout petit peu de Culture architecturale a pu le toucher, moi je trouve ça merveilleux.
Il faut aussi « éduquer » la nation, non?
Je regrette qu’il n’y ait pas plus de manifestations de ce genre. C’est à des gens comme moi aussi (je balie devant ma porte) d’apporter les bases culturelles qui puissent permettre au tout public de comprendre ce genre de débat. C’est surtout pas de l’élitisme. L’éducation doit tirer vers le haut, et le manque de qualité architecturale et urbaine le prouve.

bocquet, le 18 avril 2008 à 14:04

Je suis entièrement d’accord, ce genre de manifestation est nécessaire. Je me suis juste insurgée sur le côté « star system » d’Agora 2008 et la manière dont a été abordé le Développement Durable.

Christèle, le 18 avril 2008 à 18:04

Vous avez toutes deux en partie raison…. continuons les débats spectacles assez élitistes il faut en convenir mais forts intéressants sur « PENSER L’URBANISME ».
Et que les C.A.U.E de chaque département les traduisent, les divulguent au grand public.
Parallèlement, et de nouveaux modes de vie et avançons aussi dans la pratique, en répondant aux non experts (particuliers de l’auto-construction, associations pour l’éco-habitat par exemple)

Pascale, le 29 septembre 2008 à 09:09


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