Paysages manufacturés
Publié le 25 janvier 2008
En ce début de nouvelle année 2008 je vous conseille d’aller voir le documentaire « Paysages Manufacturés ». En sortant vous serez prêts à prendre de bonnes résolutions pour l’année à venir.
« Paysages manufacturés » nous projette dans une réalité que l’on préfèrerait laisser de côté. Nous sommes littéralement happés par ces gros plans qui envahissent l’écran, et qui quant à moi m’ont laissé un sentiment de désolation puis de tristesse. Nous avions été conquis par la beauté des paysages de Yann Artus Bertrand, les photographies d’Edward Burtynsky sont en quelque sorte le négatif de ces paysages, l’envers du décor.
La force du documentaire de Jennifer Baichwal est de concilier le travail esthétique de l’artiste et sa préoccupation, voire son obsession de l’industrialisation à outrance et des méfaits qu’elle engendre sur l’environnement, les paysages et la vie quotidienne des hommes. Le film met en scène son travail effectué en Chine.
Nous suivons le parcours de produits manufacturés qui innondent notre quotidien : interrupteurs, fers à repasser, ventilateurs. Fabriqués en Chine, exportés aux quatre coins du monde, ils reviendront dans le pays pour être démantibulés par la population locale dans des déchetteries à ciel ouvert. Et tout est à l’avenant, l’urbanisation démesurée de Shangaï, avec sa perte d’identité par la démolition de ses quartiers anciens, le projet pharaonique du barrage des Trois Gorges, etc…
Et l’humain là dedans? Il est relégué au deuxième plan, au service de ce développement débridé, ne sachant trop ce qu’il fait là. Qui est le chef d’orchestre de tout cela? Finalement ce n’est plus important, la machine est en marche et plus rien ne semble être maîtrisé.
Le documentaire atteint son but car on se sent menacé : quelle est la capacité de notre planète à absorber de tels changements, une telle pollution de l’eau, de l’air, du sol? Notre conscience de consommateur est mise à rude épreuve. Car il ne faut pas se leurrer, nous profitons de cette industrialisation effrenée et certains de nos compatriotes ne rêvent que d’aller conquérir la Chine, si ce n’est déjà fait, pour profiter de cette expansion.
Et pourtant il faut faire quelque chose, on va faire quelque chose, mais quoi?
Tandis que j’écris ces quelques lignes, j’entrevois par la fenêtre ces moineaux, ces rouge gorges qui ont élu domicile dans notre jardin. Ils viennent picorer dans cet abri, fabriqué pour eux et bricolé avec trois bouts de planches recyclées, les graines déposées à leur intention. Un certain contentement voit le jour, de savoir que ce n’est pas un produit manufacturé « made in china »… Et si c’était cela notre rôle d’acteur « écologique » au quotidien : prendre le temps de faire, de regarder, de recycler, plutôt que de consommer à tout va…
Le mot de la fin revient à l’artiste qui dit à propos de son travail : « il ne s’agit pas d’être pour ou contre mais de réfléchir différemment ».
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Consommateur
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