L'habitat éco-responsable

Construction bois et développement durable au quotidien

Dans le cadre de la semaine du développement durable, j’avais noté la présentaton d’un nouveau concept de maison passive adaptée au Sud-Ouest : la villa Soléa. Le lieu du rendez-vous était fixé au siège pessacais du Groupe Patrice Pichet : un promoteur immobilier éco-responsable ?

C’était une réunion un peu formelle, avec les responsables du projet, une quinzaine de visiteurs seulement et FR3. Pendant une heure va nous être expliquée la genèse du projet, la démarche, les atouts de la Villa Soléa et pour finir un débat. Je n’ai pas regretté mon déplacement, c’était l’occasion de voir naître un « produit » qui s’inscrit dans une démarche de développement durable. L’enjeu est de taille : une maison passive pour le XXIème siècle, adaptée au grand public.

Le Groupe Pichet est parti d’un constat : il n’existe pas encore de maison passive en Aquitaine. L’apparition des normes techniques, aujourd’hui la RT 2005 et celles qui vont suivre sont incontournables pour les constructeurs. L’objectif de 2012, fixé par le Grenelle de l’Environnement est d’arriver à des maisons consommant moins de 50KWh /m2/an. Il s’agit aujourd’hui d’entrer dans la course et de rattraper le retard par rapport à nos voisins Autrichiens, Allemands, Suisses. Le projet prend d’ailleurs forme à partir du concept Allemand « Passiv Haus ». Suite à un voyage d’étude à Friburg en Allemagne, il s’avère que le concept doit être repensé et retravaillé au niveau aquitain, surtout en ce qui concerne le confort d’été.

Le projet Soléa est avant tout un travail d’équipe entre :

  • le Groupe Immobilier Pichet, moteur du projet
  • CAP architecture, une agence d’architecture Bordelaise pour la conception et les choix constructifs.
  • Eco-campus, la cellule de transfert technologique de l’université de Bordeaux 1, pour la démarche, la faisabilité technique et économique.
  • EcoTech Ingénierie, le bureau d’étude intégré au groupe Pichet pour l’étude thermique.

Le projet est développé en partenariat avec l’Ademe, le Conseil Régional et EDF. Quant à la commercialisation de cette gamme « villa positive » elle est prise en charge par la filiale du Groupe Couleur Villas.

Le projet prend forme autour d’une démarche gérée par Eco Campus. Dans un premier temps, se donner des objectifs, à savoir, répondre au label BBC-Effinergie, bâtiment basse consommation. Pour y répondre des études spécifiques sont réalisées sur les ponts thermiques, l’inertie, l’intégration solaire, le prévisionnel énergétique. Une méthode est établie à base d’analyse multi service : bilan énergétique, impacts environnementaux et analyse économique du coût global. Chaque solution est répertoriée et une grille d’analyse permet de faire des choix et de proposer des variantes sur le même modèle : BBC économie, BBC éco-matériaux, BBC optimisée.

Pour l’agence d’architecture il s’agit d’adapter techniquement les contraintes liées entre autres aux réglementations thermiques. Un exemple parmi d’autres, les menuiseries sont posées au nu extérieur de la façade afin de réduire les ponts thermiques. Dans l’emploi des matériaux il faut s’adapter à des contraintes, comme l’utilisation de matériaux régionaux mais aussi labellisés, ce qui n’est pas toujours le cas des matériaux écologiques. Ainsi l’utilisation de panneaux Isoroy n’a pas été possible, bien qu’intéressants et performants.

Six mois ont été nécessaires pour réaliser ces études. Le projet peut être construit demain, et un prototype devrait voir le jour afin de passer du virtuel au concret. Présentée au salon de l’immobilier à Bordeaux ce week-end, la Villa Soléa a fait, paraît-il des adeptes aussi bien chez les particuliers que chez les maires qui verraient avec contentement arriver ce projet sur leur commune.


Tags Aquitaine Réglementation thermique 14 commentaires


14 commentaires

Bonjour,

Je viens de découvrir l’existence de ce blog qui me paraît fort bien documenté bravo !!!

J’aimerais compléter votre article sur la villa Soléa.

Écocampus, l’ADEME, la Région ont lancé un appel à projet incitant à la naissance d’un pendant du label passivhaus allemand adapté au climat aquitain.

Les lauréats de cet appel à projet ont été désignés il y a quelques mois et les travaux vont débuter dans le courant de l’année 2008, en tout cas pour certains lauréats …

S’il n’existe pas de maisons passives en aquitaine, il y aura avant la fin de l’année des résidences très basse énergie : 4 en gironde et une dans les pyrénées -atlantiques !

Ces bâtiments seront, en théorie, à même de répondre au label passivhaus allemand avec une performance en énergie primaire supérieure !

Olivier, le 24 mai 2008 à 13:05

Bonjour,
Je vis depuis plus de 30 ans en Allemagne où la maison passive existe depuis longtemps, la maison active produisant de l’énergie réintroduite dans les centrales locales.
Pourriez-vous m’indiquer à qui m’adresser pour faire construire une maison passive ou active en Gironde, sur la Côte Atlantique ?
Merci d’avance

Daniele, le 11 octobre 2012 à 13:10

Bonjour,

Difficile de vous donner un tel renseignement.
Les bâtiments à énergie positive sont prévus pour 2020 en France!
Actuellement la réglementation thermique « Grenelle Environnement 2012 » s’est fixé pour objectif une consommation primaire de 50 kWhep/m2/an, qui devrait rentrer en vigueur en 2013.
Les bâtiments qui tendent vers cette norme sont actuellement labellisés BBC « Bâtiments Basses Consommation »
Mais certains architectes et bureaux d’études travaillent dans ce sens.
Je vous mets en lien des documents qui font suite à un colloque sur les « Bâtiments Basse Energie » en Gironde qui vous donnerons quelques pistes.

Christèle, le 12 octobre 2012 à 08:10

Merci, Christèle, de votre réponse.

J’ai survolé le document BBC, je suis ahurie de voir le retard énorme par rapport à l’Allemagne, l’Autriche, etc…

Il va donc me rester comme « choix » de m’adresser à des entreprises allemandes – certaines ont déjà des filiales en France – pour faire construire la maison que je souhaite en Aquitaine, sur la côte Atlantique.

Vu que la grande majorité des artisans français n’y connaissent rien.

Nous avons des amis, un couple franco-allemand, qui ont fait construire une telle maison sur le bassin d’Arcachon.

Elle a eu droit à un article dans la presse locale, des gens sont venus la voir, la photographier et ont posé plein de questions, comme s’ils venaient du monde extra-terrestre.

Je suis ahurie devant cette ignorance…

Daniele, le 12 octobre 2012 à 09:10

Bonjour,

Passant par là, je me permets de donner mon opinion ;)

¤ Tout d’abord, je pense, à l’aulne de ma petite expérience, qu’il est tout à fait possible de faire réaliser une maison passive uniquement par des artisans locaux. Pas par n’importe lesquels d’entre eux, pas en cherchant à baisser le prix sans cesse, mais cela reste tout à fait abordable à des entrepreneurs un peu pointus. Et s’il faut des artisans compétents, cela nécessite aussi un maître d’ouvrage intelligent et à même de savoir se laisser guider.

¤ Deuxième point : si l’Europe Centrale reste en avance sur la France quant à la réalisation de maisons passives, il n’y a pas un écart à ce point énorme que nous devrions rougir, aujourd’hui encore, de notre retard. Et si je dis cela, ce n’est pas en défenseur invétéré du BBC, au contraire, je suis sûr que certains souriraient à me lire ici tant je les ai embêté avec l’exemple allemand.

On peut, par exemple, avoir une maison BBC qui consomme bien moins qu’une maison passive au total. Le terme passif concerne le besoin de chauffage. On peut avoir une maison qui a besoin d’un peu plus de besoin de chauffage qu’une maison passive mais beaucoup moins sur d’autres postes comme ventilation, eau chaude, rafraichissement, auxiliaires voire électroménager.

Plus classique encore, on peut avoir une maison passive qui a nécessité pour sa construction bien plus d’énergie qu’une maison quelconque bio-sourcée. Ainsi, il n’est pas rare qu’une maison très-basse-consommation nécessite plusieurs dizaines d’années d’exploitation pour rattraper tout ce qui a été dévoré en ressources naturelles pour être bâtie !

Le passif n’est pas à parer de toutes les vertus. Si j’ai une inclination pour ce standard, pour ma part, c’est parce qu’il amène à une excellence sur l’enveloppe que je crois vertueuse, parce que je suis partisan de bâtiments résilients, à même de vivre sans perfusions technologiques.

¤ Si le passif n’a pas le succès qu’il a en Allemagne, si les personnes certifiés sont plus rares ici, c’est moins un problème de compétence que de concurrence « commerciale ». En France, le BBC est un concurrent important et valable au passif. Avec des performances voisines, au moins dans les calculs, c’est une façon de construire et une philosophie plus proche de celle du sud qui pense qu’il ne faut pas s’exciter autant sur la qualité de l’enveloppe et que produire vert plutôt, c’est pas si mal. Un peu comme si pour maigrir, on décidait de faire plus de sport plutôt que de se mettre à la diète.

Au final, il ne faut pas, je crois, jeter un anathème sur l’ensemble des professionnels français du bâtiment ni semer de la culpabilité dans la tête de ceux pour qui la très-basse-consommation est un rêve lointain d’ailleurs . Simplement parce que s’il y a bien des façons de faire mal, il n’existe pas de façon unique et révélée de faire bien, il y a juste tout un tas de façon de faire mieux.

Olivier, le 15 octobre 2012 à 10:10

Un article paru aujourd’hui sur le site de batiactu pose cette question : « Combien la France compte t-elle de bâtiments à énergie positive?
La réponse est 180 à ce jour.
Une base de données BEPos rassemble toutes les opérations identifiées.

Christèle, le 15 octobre 2012 à 16:10

Je viens de lire le commentaire d’Olivier.
Rentrée du Sud-Ouest de la France, où j’ai encore « découvert » à quel point les citoyens se font « plumer » à tous les niveaux, je trouve un mail d’un éventuel prestataire de service allemand, parmi toutes les réponses des prestataires français auxquels j’ai demandé conseil et offre.

Je ne résiste pas au plaisir de vous en faire la traduction, car ceci correspond exactement à ce que je viens de vivre pendant les 8 semaines passées dans le Sud-Ouest, suite à l’hospitalisation et au décès de ma mère. Je viens en effet de « profiter » à fond des administrations et prestataires de services du coin… inimaginable pour mois qui ai quitté le pays il y a plus de 30 ans !!!

Voici donc une partie du mail que je viens de traduire:

« Nous réalisons un projet similaire dans la ville de XXX (pour environ 1,5 million €) dans le cadre d’une maison passive pour trois familles.

Par expérience, nous savons ce qui marche et ce qui ne marche pas en France et quelles mesures doivent être prises pour planifier le projet, le piloter, maîtriser la qualité et les coûts.

Le tout devrait être un mix qui comprend notre planification (architecte + ingénieur) produits et prestations allemands, produits et prestations locaux (gros oeuvre, divers aménagements) et un partenaire local qui s’occupe en collaboration avec nous des démarches administratives ainsi que du pilotage du chantier dans le cadre de notre mission, le tout en étroite collaboration avec nous.

Le chantier de XXX marche très bien, notre seule difficulté réside dans tout ce que fait l’architecte local et tout ce qui est de sa responsabilité.

Il travaille en contact étroit avec les maîtres d’ouvrage, donne libre cours à sa vanité et essaie de compenser son manque de compétences en efficience énergétique et en qualité par un comportement arrogant.

Il facture des coûts totalement exagérés, ne contrôle pas suffisamment le travail des artisans et ne donne aucune instruction concernant le respect des délais et la maîtrise des coûts.

Les maîtres d’ouvrage nous ont dit « Heureusement que vous êtes là, sinon nous serions perdus avec les planificateurs et artisans locaux! »

Nous sommes sur le chantier une fois par semaine, quand nos artisans y sont présents. Nous nous sommes mis d’accord avec eux en amont sur tous les détails.

Le bâtiment a été planifié à 100% avec les maîtres d’ouvrage en Allemagne et tous les prestataires spécialisés (statique, construction, domotique).

Le tout a été discuté avec l’architecte local, nous avons évalué les coûts dont nous sommes responsables avec réalisme, et nous avons passé contrat avec lui.

Nos artisans (construction en bois, fenêtres, construction à sec, sols, chauffage, sanitaires, système électrique, portes, cuisine et meubles encastrés) ont respecté leurs délais et les coûts convenus, malgré les retards imposés par d’autres prestataires.

Nos collaborateurs français et notre prestataire certifié en « maison passive » collaborent avec nous à XXXX à tous les niveaux…

Si vous préférez des artisans locaux, je vois d’importants problèmes en ce qui concerne les prestations dans le domaine des produits efficients en énergie, le respect de la qualité décrit dans les appels d’offre, la passation de la commande et sa réalisation et les coûts – nous ne pouvons en garantir le respect sur place.

En ce qui concerne l’efficience énergétique de la maison passive en particulier, il y a beaucoup de gens qui prétendent maîtriser la chose et sont mentionnés dans des bases de données.

Cependant, c’est souvent du vent et ils s’imaginent qu’une amélioration de 20 à 30 % des standards existants en font une « maison passive ».

Comme le terme de « maison passive » n’a pas été protégé en France, ces pseudo-planificateurs ont le droit de se vendre ainsi.

A moins que les maîtres d’ouvrage n’exigent le respect des critères de la « maison passive » – ce qui représente une économie d’énergie d’au moins 80% et qui fonctionne parfaitement au niveau du confort de l’habitat… »

J’ai vu des produits deux à trois fois plus chers en France qu’en Allemagne – de la même marque, j’ai donc acheté en Allemagne et fait livrer dans le Sud-Ouest, le prix de la logistique étant tout à fait supportable par rapport au surcoût demandé pour les mêmes produits en France.

Je me demande pourquoi il en est ainsi ? Pourtant avec internet et l’Europe, les gens pourraient comparer, mais ils ne le font pas. Etrange.

On entend parler du « pouvoir d’achat » en France depuis des décennies, ce terme n’est pas du tout utilisé outre-Rhin dans le même contexte. Idem au niveau des loyers et du prix de l’immobilier.

Le « miroir des loyers » existe en Allemagne depuis 1974. http://de.wikipedia.org/wiki/Mietspiegel
Le gouvernement actuel, en 2012, parle « d’encadrement des loyers »… On croit rêver…

J’ai acheté en 2006 un appartement de 52 m2 en plein centre d’une ville de 120.000 habitants, à l’entrée d’une zone piétonne, à quelques mètres du tram et des bus, juste derrière la mairie. J’ai payé 53.000 € pour l’appartement avec cave et accès au jardin. Un jeune parent français a acheté un appartement de la même surface, presque en même temps, avec une mini-cuisine, sans jardin, en banlieue de Rennes. Il a payé 130.000 € et s’est endetté pour 20 ans. Vous trouvez cela normal ? Sans parler des frais de notaire qui sont une honte en France. Les gens se font plumer partout sans rien dire…

Il en va de même dans la grande distribution… comme le constatait Chatel (que je n’aime pas particulièrement par ailleurs) en 2008 en Alsace… Ce qu’il constate, je le constate tous les jours quand je passe d’un pays à l’autre…
http://www.dailymotion.com/video/x5hxae_deplacement-chatel-supermarche-alle_news

Voilà, c’est tout ce que j’aurais à vous répondre, cher Olivier. Certes, il convient de prendre le bilan écologique des matériaux utilisés, je suis d’accord avec vous. Cette réflexion existe depuis longtemps en Allemagne: http://de.wikipedia.org/wiki/Graue_Energie, mais le calcul de « l’énergie grise » est très difficile à réaliser et est souvent utilisé pour se donner bonne conscience, c’est du moins mon avis.

Cependant, la différence en matière de technologie, de coûts et de pratique est énorme entre les deux pays.

Il existe aussi d’ailleurs la « maison active » – http://de.wikipedia.org/wiki/Plusenergiehaus – qui produit davantage d’énergie qu’elle n’en consomme. Le surplus étant remis dans les réseaux locaux décentralisés d’énergie… ce qui va à l’encontre de l’existence même d’EDF…
Le gouvernement allemand, par contre, a soutenu la construction des maisons à énergie positive dès 2007: http://www.bmvbs.de/SharedDocs/DE/Artikel/B/plus-energie-haus-bauen-fuer-die-zukunft.html bien avant la décision de sortir du nucléaire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sortie_du_nucl%C3%A9aire_civil

Quand je lis dans l’article « Le projet est développé en partenariat avec l’Ademe, le Conseil Régional et EDF. » cela m’interpelle tout de suite.

Car EDF n’a AUCUN intérêt à ce que la maîtrise de l’énergie se décentralise et à ce que les citoyens s’organisent pour gérer leur consommation et production énergétique au niveau local.

EDF a déjà racheté Photowatt… pour prendre les brevets et « maîtriser » la technologie… et a incité le pays à s’équiper au « tout électrique » pour gagner un maximum et justifier la présence des centrales nucléaires. Quand je vois comment ma famille en France utilise l’énergie, et tout le voisinage, j’ai les cheveux qui se dressent sur la tête. Il en est de même avec le recyclage et les marchés publics qui ont été passés avec les municipalités dans ce domaine. Sans aucun contrôle citoyen…

Mais c’est déjà un autre sujet…

Daniele, le 18 octobre 2012 à 14:10

Bonjour Danièle,

Ce n’est sans doute pas le lieu mais je vous présente mes condoléances pour votre mère.

Je crois que votre décision est prise : vous allez faire construire par des Allemands en France, ne vous posez plus de questions !

Permettez-moi quelques réactions tout de même. Je vais faire court, je n’aborderai que 3 problématiques et ne donnerait aucune opinion sur les choix politiques des pays que vous citez.

¤ D’abord un exemple concret sur la relativité des économies. J’ai travaillé sur deux bâtiments tertiaires très-basse-énergie ayant des performances relatives voisines :
– Cep = 120 kWh/m²/an, soit 52% mieux que la réglementation RT2005,
– Cep = 30 kWh/m²/an, soit 50% mieux que la réglementation RT2005.

Lequel est passif ? Ben le premier ! Celui qui consomme le plus d’énergie au total mais qui a les plus faibles besoins de chauffage. Attention aux confusions…

¤ Construire passif, ce n’est pas acheter des indulgences pour renvoyer sa culpabilité sur ceux qui n’en ont pas les moyens. Pour nombre de raisons plus ou moins philosophiques mais pour au moins 2 raisons très concrètes :
– l’effet rebond,
Il ne suffit pas de se faire livrer une maison performante pour qu’elle le soit. « Ce ne sont pas les bâtiments ou les techniques qui consomment, ni même les humains », mais bien le ménage que constitue l’interaction de ces deux-là ! Il y a nombre d’exemple de bâtiments passifs dont les consommations sont supérieures d’un facteur 5 aux prévisions du fait de la façon d’habiter des habitants.

– les quilles aux waters
L’unité que nous utilisons, le kWh/m²/an, n’est pas un indicateur ultime sans faille. Il occulte nombre de problématiques (taux d’occupation, énergie grise au minimum) qui peuvent changer totalement la conclusion d’une étude comparative et nous amener à dire qu’une mauvaise rénovation bio-sourcée est bien plus « écolo » qu’une construction neuve passive.

¤ Il y a quelques décennies, l’énergie grise avait peu d’importance tout simplement parce que construire dépensait, en valeur relative, bien moins qu’exploiter. Par exemple, s’il fallait 10 unités d’énergie pour construire, on en consommait 50 pour chauffer sur 50 ans. Aujourd’hui, on consomme 10 mais il nous faut 20 à 30 pour construire passif. Le rapport 1/5 initial s’est inversé pour devenir du 2.5/1, et je ne vois pas de problème de bonne conscience. Si on devait parler conscience, il faudrait aussi évoquer le gâchis de terres nourricières pour construire de belles maisons neuves passives ou pas…

Olivier, le 23 octobre 2012 à 09:10

Bonjour Danièle,

Ce n’est sans doute pas le lieu mais je vous présente mes condoléances pour votre mère.

Je crois que votre décision est prise : vous allez faire construire par des Allemands en France, ne vous posez plus de questions !

Permettez-moi quelques réactions tout de même. Je vais faire court, je n’aborderai que 3 problématiques et ne donnerait aucune opinion sur les choix politiques des pays que vous citez.

¤ D’abord un exemple concret sur la relativité des économies. J’ai travaillé sur deux bâtiments tertiaires très-basse-énergie ayant des performances relatives voisines :
– Cep = 120 kWh/m²/an, soit 52% mieux que la réglementation RT2005,
– Cep = 30 kWh/m²/an, soit 50% mieux que la réglementation RT2005.

Lequel est passif ? Ben le premier ! Celui qui consomme le plus d’énergie au total mais qui a les plus faibles besoins de chauffage. Attention aux confusions…

¤ Construire passif, ce n’est pas acheter des indulgences pour renvoyer sa culpabilité sur ceux qui n’en ont pas les moyens. Pour nombre de raisons plus ou moins philosophiques mais pour au moins 2 raisons très concrètes :
– l’effet rebond,
Il ne suffit pas de se faire livrer une maison performante pour qu’elle le soit. « Ce ne sont pas les bâtiments ou les techniques qui consomment, ni même les humains », mais bien le ménage que constitue l’interaction de ces deux-là ! Il y a nombre d’exemple de bâtiments passifs dont les consommations sont supérieures d’un facteur 5 aux prévisions du fait de la façon d’habiter des habitants.

– les quilles aux waters
L’unité que nous utilisons, le kWh/m²/an, n’est pas un indicateur ultime sans faille. Il occulte nombre de problématiques (taux d’occupation, énergie grise au minimum) qui peuvent changer totalement la conclusion d’une étude comparative et nous amener à dire qu’une mauvaise rénovation bio-sourcée est bien plus « écolo » qu’une construction neuve passive.

¤ Il y a quelques décennies, l’énergie grise avait peu d’importance tout simplement parce que construire dépensait, en valeur relative, bien moins qu’exploiter. Par exemple, s’il fallait 10 unités d’énergie pour construire, on en consommait 50 pour chauffer sur 50 ans. Aujourd’hui, on consomme 10 mais il nous faut 20 à 30 pour construire passif. Le rapport 1/5 initial s’est inversé pour devenir du 2.5/1, et je ne vois pas de problème de bonne conscience. Si on devait parler conscience, il faudrait aussi évoquer le gâchis de terres nourricières pour construire de belles maisons neuves passives ou pas…

Olivier, le 23 octobre 2012 à 09:10

Merci Olivier de votre réponse détaillée où je ne comprends pas vraiment tout ;-)

J’ai trouvé ce blog et particulièrement cet article:
http://maison-passive-64.blogspot.fr/2011/10/label-bbc-effinergie-et-label-maison.html

Votre avis ?

Daniele, le 30 octobre 2012 à 15:10

Bonjour Daniele,

Pour mieux comprendre, je vous invite à cliquer sur les liens que j’ai inclus dans ma réponse (le texte apparaît en plus gras) et qui vous mèneront à des articles que j’ai rédigés.

Que les choses soient claires, je suis plutôt un défenseur du passif parce que je fais partie de ceux qui pensent que la qualité de l’enveloppe est une priorité mais je me permets de me faire l’avocat du BBC parce que tout n’est pas aussi simple que de dire que « le passif c’est super mieux que le BBC ! ».

Commentons donc l’article dont vous avez donné le lien, mais permettez-moi une correction d’abord ! L’unité « kWh/m2.an » (ou même « kWh/m².an »), utilisée sur ce site, n’existe pas, il faut parler de « kWh/(m².an) » ou de « kWh/m²/an », cela peut paraitre un détail pour vous, mais remplacez kWh par 100 000 € et vous comprendrez bien que pour une maison de 100 m² sur 10 ans, mieux vaut ne pas se tromper s’il s’agit d’un prélèvement : 100 000/(100 x10) = 100 € alors que 100 000/100 x 10=10 000 € ! Si vous ne voyez pas la différence, je vais vous envoyer un devis ;)

Passons sur l’erreur de débutant de ce bureau d’étude certifié PHI, je reprends leur texte :

¤ « la consommation énergétique finale (ce que vous payez, au bas de votre facture EDF, GDF etc…) [est] bien inférieure en maison passive à celle d’une maison BBC. »
Une maison passive, selon le standard PHI, doit afficher une consommation en énergie primaire inférieure à 120 kWh/m²/an, incluant l’électroménager ! Grosso modo, selon des campagnes de mesure de maisons passives lyonnaises, la moitié est dédiée à l’électricité spécifique (dont la VMC double-flux) si bien que, hors électricité, la consommation Cep (j’enlève l’élect. spécifique sauf VMC) doit être inférieure à 60 + ~ 10 (VMC) = 70 kWhEP/m²/an, là où BBC demandera Cep < 45 kWhEP/m²/an pour le Sud-Ouest de la France.

¤ "De plus, la consommation de chauffage se situe généralement autour de 25 kWh/m2.an soit 10 kWh/m2.an au moins au dessus du passif pour une température intérieure moins confortable (19°C au lieu de 20 °C)."
Augmenter la consigne de 1°C dans un bâtiment basse-énergie moyen revient à augmenter le besoin de chauffage de moins de 20% soit une augmentation max. de la consommation Cep = 45 +20% x 25 = 50 kWhEP/m²/an, ce qui reste encore inférieur aux 70 de tout à l'heure.

L'objectif de ce contre-exemple est de vous montrer qu'on peut construire une maison BBC moins énergivore, à même postes de consommation, qu'une maison passive. Désolé d'abuser de la réfutabilité de Popper, mais il faut admettre que, malgré des différences notables entre les labels basse-énergie, les performances
qu’ils visent sont relativement similaires, et que s'il est, sans doute, plus facile de faire mieux avec du passif, ce n'est pas une évidence. En revanche, il est impossible de se passer de chauffage conventionnel (= définition du passif) sans adopter le standard passif. La vraie différence est là, et faire du passif avec un chauffage conventionnel ou presque, c'est s'assurer d'un surcoût pas d'une sur-performance !

On pourrait poursuivre en se souciant de l'énergie grise nécessaire à la construction, en comparant la maison passive basque toute de polystyrène et un projet BBC performant tout en paille par exemple, et l’on se rendrait compte d’une divergence pas flatteuse pour celui qui communique le plus. Non vraiment, ne vous fiez pas à celui qui parle le plus fort…

Olivier, le 31 octobre 2012 à 09:10

Daniele,
Olivier répond avec justesse à vos questionnements.
Je voulais aussi vous dire que construire sa maison ce n’est pas seulement répondre à une norme, qu’elle soit BBC, PASSIVE, HQE ou tout autre. Ne devrait-on pas, avant toute chose, se soucier d’écologie? qui prend en compte des notions plus large : santé, environnement, proximité, économies, matériaux, etc… Et qui ne sont pas à reléguer au second plan.
Une maison est réussie si on s’y sent bien. Je vous conseille le livre de JP.Oliva, A.Bosse-Platière, C.Aubert : Maisons écologiques d’aujourd’hui. Pour la diversité des exemples qui sont proposés, des cheminements et choix qui sont fait par les maîtres d’ouvrages qui se sentent bien dans leur maison. Ici pas question d’isolation en polystyrène!

Christèle, le 31 octobre 2012 à 14:10

Merci Christèle de cette recommandation.
J’ai commandé ce livre.
Pour moi il n’a jamais été question d’utiliser du polystyrène, pour revenir à votre message, mais uniquement des produits naturels, comme la laine de bois, etc…

Danièle, le 6 janvier 2013 à 12:01

Bonjour à tous,
je découvre ce blog ce jour, et merci à Olivier et Christèle pour leur intervention. J’auto-construis une maison en ossature bois, isolation paille pour laquelle je vise une « efficacité passive » pour que le poële à granulés ne soit qu’un agrément. A lire Danièle, il m’est apparu que le plus important est définitivement de trouver des matériaux écologiques locaux (bois de scieur local, paille, granulés de bois, gravier,etc.). C’est pourquoi je viens de décider d’adopter la technique du GREB, afin de me passer du très coûteux et très lourd fermacell et autres panneaux de contreventement germaniques qui polluent tant avec toute cette distance à parcourir, et le CO² dégagé par les centrales thermiques au charbon qui permettent de les fabriquer.
Karbon ? nein,danke!
Le CO², piègez-le dans des constructions durables et passives grace aux éco-matériaux locaux.
Consultez le Réseau Français de Construction Paille pour la mise en oeuvre et trouver des professionnels compétents dans votre région.
Ma maison sera aussi productrice d’eau chaude, d’électricité, redistribuée localement par le réseau ERDF. EDF est aussi producteur d’électricité verte. J’ai équipé ma maison actuelle de 18 m² de panneaux photovoltaïques qui produisent deux fois plus que se que nous consommons et de panneaux solaires pour le chauffe-eau solaire qui fait économiser beaucoup d’énergie. Faire un bâtiment à énergie positive, c’est du ressort de chacun, et cette maison n’est surement pas comptée comme BEPOS.
Si EDF a racheté Photowatt, c’est pour sauver 300 emplois et un savoir-faire français.
Mais la plus grande usine de fabrication de panneaux PV, elle est à Toulouse et montée par Total, n°1 du PV en France ! Il est clair que ces gros industriels sont plus souple et évolutifs que certains individus qui devraient changer de « logiciel ».
Je pourrai dire comme le colibri de Pierre Rabhi : au moins j’aurai fait ma part.
J’invite chacun à en faire autant.
Merci d’avance.

auto-éco-constructeur-paille, le 24 avril 2014 à 16:04


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